Les réfugiés à Bouaine


     Dès le début de la guerre, une partie du territoire national est devenu un terrain d’opération. Les civils fuient vers le Sud, jusqu’à Saint Philbert de Bouaine. A partir du 5 septembre 1914, les réfugiés arrivent de Belgique et du Nord de la France dans notre commune.


Le 15 octobre 1914, on note l’arrivée d’une famille belge, hospitalisée dans les locaux appartenant à la commune. Il s’agit de la famille De Bidard, originaire de Saint-Michel (Aisne).


Certains sont arrivés avec les convois. Un train d’une quarantaine de wagons est entré dans la gare de la Roche sur Yon, le 4 novembre 1914. Il vient du nord de la France avec uniquement des réfugiés français et belges à son bord, les familles de Jean Godissart, wagon N°24 et de Jules Verhaighe, wagon N°25 en descendent.


  • Famille de Jean Godissart, né le 27 juin 1870 à Lenzes (Aisne), fils de Ferdinand et Eugénie Benet, chauffeur à la Compagnie Courrière depuis 3 ans.

  • Briatte Marie épouse Godissart, née le 21 juillet 1877 à Cateau (Nord), fille de Placide et de Levouvet Henriette

  • Godissart Henriette, née le 14 décembre 1896 à Avesnes sur Helpe [elle repartira avant mai 1916]

  • Godissart Berthe, née le 21 septembre 1898 à Avesnes sur Helpe (Nord)

  • Godissart Renée, née le 20 janvier 1902 à Henin Lietard (Pas de Calais)

  • Godissart Marguerite née le 20 juillet 1904 à Noyelles

  • Godissart Juliette née le 9 mai 1906 à Noyelles

  • Godissart Zélie née le 21 avril 1908 à Noyelles

  • Godissart Gustave né le 12 novembre 1912 à Fouquières les Lens

  • Briatte Maurice, né le 2 juin 1899 à Arras [Il repartira avant mai 1916]

  • Godissart Marie Célestine, née le 8 juillet 1916 à Saint Philbert de Bouaine

Cette famille sera logée au bourg. Marie Briatte décèdera à Saint Philbert de Bouaine le 30 janvier 1915, après avoir donné naissance à un petit garçon mort-né le 27 janvier 1915. Le 15 mai 1916, Jean Godissart, 46 ans, épousera une philbertine, Marie Dugast, 28 ans.


  • Famille de Jules Verhaighe, né le 5 janvier 1877 à Armeton ( Belgique), vient de Vendin le Vieil (Pas de Calais)

  • Vandermeeren Henri, né 8 juillet 1853 à Thult (Belgique) vient de Roulers [il repartira sur Cholet]

  • Rosalie Bethuyne, née le 12 novembre 1856 à Thult (Belgique), vient de Roulers.

  • Vandermeeren Madeleine, née le 2 mai 1896 à Roulers

  • Vandermeeren René, né le 5 mai 1901 à Roulers

Cette famille sera logée au Gué-Bisfou et repartira avant mai 1916.



Le château du Gué-Bisfou

Il y avait d’autres familles belges  :

  • Famille de Joseph Vandermeeren, né le 24 janvier 1833 à Roulers [repartira sur Condé sur Noireau (Calvados)]

  • Pervoot épouse Vandermeeren, née le 26 mars 1880 à Nouveghs

  • Vandermeeren Philomène, née le 24 septembre 1903 à Roulers

  • Vandermeeren Madeleine, né le 21 février 1905 à Roulers

  • Vandermeeren Julia, née le 14 décembre 1910 à Roulers

  • Vandermeeren Emma, née le 3 juillet 1912 à Roulers

Cette famille d’origine flamande parle uniquement le flamand, elle est logée au Gué-Bisfou et repartira avant mai 1916.


  • Famille de Edouard De Geyter, vient de Lens.

  • Pannekock Joséphine, épouse De Geyter, née le 9 octobre 1870 à Hapens

  • De Geyter Jules, né le 30 juillet 1903 à Charleroi

  • De Geyter Jean-Baptiste, né le 13 janvier 1904 à Charleroi

  • De Geyter Marie, née le 15 octobre 1904 à Charleroi

  • De Geyter Jeanne, née le 10 septembre 1907 à Charleroi



  • Deurrele Alphonse, de Roulers

  • Bertin Elisée, une belge qui vient de Maubeuge et qui partira à Saint Etienne de Corcoué le 16 mars 1915.


Du côté des français,

  • Famille Auguste Brassart, né le 1er avril 1857 à Crespin (Nord)

  • Mère Céline épouse Brassart, née le 8 octobre 1862 à Beaufort

  • Brassart Marthe, née le 2 octobre 1899 à Tangarog (Russie)

  • Brassart Angèle, née le 2 octobre 1899 à Tangarog (Russie)


  • Famille Jeanne Brassart épouse Session, née le 7 juillet 1884 à Ferrière (Nord)

Cette femme enceinte arrive avec deux de ses enfants :

  • Session Georgette, née le 17 décembre 1907 à Maubeuge (Nord)

  • Session Alcidie, née le 7 janvier 1911 à Maubeuge (Nord)


  • Famille Vincent Druelle, né le 15 juin 1869 à Douvrin (Pas de Calais) [Reparti à Bruay]

  • Delaby Angélique épouse Druelle, née le 22 mai 1866 à Douvrin

  • Druelle Adélaïde épouse Hieste, née le 9 juin 1890 à Douvrin

  • Druelle Séraphine, née le 10 décembre 1893 à Douvrin

  • Druelle Clémence, née le 25 février 1899 à Douvrin

  • Druelle Suzanne, née le 21 février 1901 à Douvrin

  • Druelle Marie, née le 29 février 1903

  • Druelle Louise, née le 27 juillet 1907

  • Hieste Séraphine, née le 23 février 1914

Cette famille retournera dans le Pas de Calais avant mai 1916.


  • Clément Marie épouse Bocquet - Hersin Coupigny ( Pas de Calais)

  • Perlau Ignace – Barlin – (Pas de Calais)

  • Perlau Maria née Brasseur – Calais (Pas de Calais)

  • François Adélaïde née Pouille –Calais (Pas de Calais) – [Repartie à Gennnevilliers]

  • François Voltaire – Barlin (Pas de Calais)

  • Maille Marguerite – (Nord) [Repartie à l’Herbergement]


Le curé Chateigner raconte leur installation.

«  Nos réfugiés sont au nombre d’une cinquantaine, venus des départements du Nord de la France et de la Belgique. Après un voyage très mouvementé, rempli de souffrances et de périls, car le bateau qui les conduisait a manqué de sombrer sur les côtes de l’Océan, ils ont été dirigés vers Saint-Philbert-de-Bouaine où ils ont trouvé le repos et la consolation. La plupart d’entre eux ont été logés dans les maisons du bourg  ; une seule famille venant de Roulers et ne parlant que flamand, a été dirigée vers le Gué-Bisfou où elle a trouvé une habitation très confortable dans la propriété de M.Briau. La population de Saint-Philbert s’est vraiment montrée chrétienne et charitable envers tous les réfugiés, et compatissant à leur misère, leur a porté nourriture et vêtements en quantité plus que suffisante pour subvenir à leurs besoins. Aussi avons-nous été fiers et heureux d’entendre ces chers réfugiés dire maintes et maintes fois  : Nulle part ailleurs nous n’avons été aussi bien reçus qu’à Saint-Philbert-de-Bouaine  ; relativement aux autres endroits, c’est un paradis.  »

Aux collectes organisées pour les réfugiés, il faut ajouter celles pour les belges, les soldats blessés …

Ainsi, les différentes quêtes ont servi à acheter des mètres d’étoffe pour confectionner des habits d’hiver aux soldats, les filles des écoles tricotent des chaussettes pour les soldats. En novembre 1914, 34 paquets de vêtements ont été confectionnés et envoyés, chacun contient  : une chemise, une flanelle, deux paires de chaussettes, une ceinture de flanelle, une serviette, une paire de chaussons et une savonnette.

Le curé Chateigner mentionne  : «  27 décembre 1914, chaque famille de nos chers réfugiés va recevoir pour le Premier de l’An, paletots, pantalons ou robes. Pour confectionner ces divers vêtements, on a fait appel au concours de nos dévouées couturières ; mais celles-ci n’ont pu donner leur temps avant les fêtes de Noël, à cause des nombreux travaux demandés par leur clientèle ordinaire. C’est donc pendant cette semaine, qu’elles travailleront pour les familles réfugiées.

Lundi dernier nous avons été heureux de donner l’hospitalité à un prêtre belge, parlant flamand, qui se trouve au nombre des réfugiés aux Sables-d’Olonne. Sur l’invitation de M. le Curé, il a bien voulu venir visiter la famille Vandeeren, du Gué-Bifou, dont les membres ne parlent que le flamand.

En bons chrétiens, ces derniers se sont rendus à l’église dans la soirée, et ont profité du passage de ce prêtre, leur compatriote, pour se préparer, par une bonne confession, aux fêtes de Noël.  »


La Journée du petit drapeau belge est la première journée de solidarité créée en France durant la guerre. Organisée par un comité central franco-belge le 20 décembre 1914, elle se distingue par la vente de petits drapeaux aux couleurs de la Belgique. La recette permet de dégager des fonds pour venir en aide aux réfugiés.

A Saint Philbert de Bouaine, la vente a eu lieu début janvier 1915. Le curé Chateigner le relate dans le bulletin paroissial  : «  Le petit drapeau belge : Grâce à nos dévouées réfugiées, la vente du petit drapeau belge, faite sur la voie publique et aux portes de l’église, a été rapide et fructueuse. Elle a rapporté la somme de 105 francs. Cette somme a été remise aussitôt entre les mains de Mr le Maire, qui a bien voulu se charger de la faire parvenir à qui de droit.  »

Le 7 mars 1915  : «  Jeudi dernier, Mr l’abbé Bogaert, prêtre flamand de Belgique, est venu visiter ses compatriotes de Roulers, habitant actuellement le Gué-Bifou. Ces braves gens qui ne parlent que le flamand, ont profité du passage de leur prêtre pour se confesser, et se préparer à leur devoir pascal. 

Sur le recensement de 1921, on retrouve quelques personnes réfugiées qui sont restées dans la commune  : Douaud Berthe née en 1898 à Avesnelles dans le Nord  , Brunel Maurice à la Ségouinière, né à Charleroi en Belgique en 1905.